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Photo du rédacteurPierre Madden

Au lieu d'une cagnotte (Fonds de dégénération), faisons du Revenu de Base un legs intergénérationnel

Dernière mise à jour : 13 mai 2018


Le Fonds des générations
Le Fonds des générations

L'Institut du nouveau monde mène en ce moment une vaste Conversation publique en ligne sur la solidarité et l'équité intergénérationnelles au Québec. Voici ma contribution au débat. Elle rejoint, bien sûr le Revenu de base.


Évolution du ratio de la dette sur le PIB avec et sans le Fonds des générations
Évolution du ratio de la dette sur le PIB avec et sans le Fonds des générations

"[S]i les versements faits dans ce fonds des générations avaient été consacrés directement à la réduction de la dette (ou plutôt à diminuer les emprunts), l’écart entre les deux lignes de ce graphique [qui montre l’évolution du ratio de la dette sur le PIB] en 2016 ne serait pas de 2,5 points de pourcentage (57,5 – 55,0 = 2,5), mais de seulement 0,12 point de pourcentage, soit 20 fois moins!

Cette façon de faire permet au gouvernement d’appliquer encore plus de mesures d’austérité sans avoir à les justifier." -- Jeanne Emard


Un gouvernement peut bien contempler ce graphique et se féliciter d'être rendu au même point après 12 ans. Pendant cette période, combien a-t-on sacrifié d'opportunités d'investir dans le capital humain?



L'austérité et le Fonds des générations, c'est de la poudre aux yeux!


On connaît l'histoire des dernières années. Le gouvernement impose l'austérité parce que les finances publiques semblent se détériorer. Quand même, il continue à contribuer au Fonds des générations.


Or voilà qu'on apprend qu'il s'agissait d'une erreur. En fait, tout va bien. Le gouvernement a même réussi à dégager une généreuse marge de manoeuvre. Tant pis pour ceux que cette austérité factice a écorchés.



J'ai deux points à faire valoir. Ils sont tous deux basés sur la prémisse suivante :

Les finances publiques du Québec sont saines. Si je me trompe, qu'on me le démontre. J'écoute...

  • Un gouvernement qui administre bien ses finances devrait avoir la capacité d'encaisser les coups. Il n'a pas de comptes à rendre à des actionnaires susceptible de lui demander des résultats à court terme. Le public québécois a droit à de la stabilité et de la continuité. Il n'a pas à tolérer des coups de barre abrupts et des coupures drastiques quand il n'y a pas feu en la demeure. L'austérité est incompatible avec le devoir du gouvernement d'assurer le bien-être de la population. C'est une grande déception (dans les deux sens du mot): on est déçu et on se fait tromper. J'ignore pourquoi. Je ne crois pas que les politiciens s'en mettent dans les poches (peut-être indirectement dans leur caisse électorale). C'est peut-être tout simplement une question idéologique. Ou bien ils ne comprennent rien au rôle de l'état dans une société moderne. On ne gère pas les finances publiques comme une famille gère son budget. Ceci m'amène à mon deuxième point.


  • Le Fonds des générations, c'est de l'argent mis de côté et réservé pour le service de la dette. C'est un gros compte d'épargne que les comptables soustraient de la dette sans qu'aucun versement ait été fait. L'argent dort là: elle ramasse de l'intérêt ou est investie dans le secteur privé. Quand je dis que les fonds dorment c'est qu'ils ne servent pas aux dépenses publiques, qui stimulent l'économie, ni sont-ils consacrés à fournir les services qui assurent le bien-être des Québécois. Et qu'est-ce qui justifie cette politique? L'assainissement des finances publiques pour les générations futures. Alors je répète, les finances publiques du Québec sont saines. Est-ce que c'est la responsabilité du gouvernement de transmettre un niveau quelconque de dette aux générations futures? Qu'est-ce que ça va changer dans leur vie? Par contre si on investit maintenant dans des infrastructures, un sain environnement, tous nos descendants en profiteront. Améliorer le bien-être des parents (plusieurs sont encore des poupons aujourd'hui) de nos petits-enfants, en éliminant la pauvreté, bonifiant l'éducation, stimulant leur créativité, encourageant leur implication communautaire, etc. vaut mieux que de leur léguer une tirelire! Même si elle déborde, il sera trop tard pour toute une génération. Voilà pour le Fonds de dégénération.


Pourquoi le fait d'hériter d'un niveau d'endettement plus élevé n'a pas d'effets pour les générations futures?


C'est une question de priorité et de réalité.



Le ministre de finances Leitão qui prends l'argent du contribuable pour le mettre dans le Fonds des générations
Le ministre de finances Leitão qui prends l'argent du contribuable pour le mettre dans le Fonds des générations

Le bien-être concret des humains est plus important qu'un résultat comptable.


Si dans trente ans, le service de la dette a augmenté, est-ce qu'on veut que ce soit après 30 ans de développement d'infrastructure; après 30 ans d'effort intensifs en éducation et en santé; après 30 ans d'assainissement de l'environnement; après 30 ans d'élimination de la pauvreté par l'instauration d'un Revenu Minimum Garanti?


Ou bien est-ce qu'on préfère ne pas agir, perdre un temps à jamais irrécupérable, sacrifier toute une génération, juste pour la satisfaction d'admirer un beau bilan financier?

Le coût d'opportunité de ces 30 ans d'investissement dépasse de loin tout ce que pourrait nous coûter dans 30 ans une hausse hypothétique de la dette.


Deuxièmement, c'est une question de réalité: bien que nous vivions dans un monde abstrait de relations humaines et maintenant digitales, les conséquences frappent des êtres en chair et en os. L'argent est une convention sociale qui remplit un besoin. Est-ce que ça existera encore dans trente ans? Peut-être qu'un autre outil la remplacera.


Par contre, si la race humaine survit pour les trente prochaines années, elle sera dans un état soit meilleur, soit pire qu'aujourd'hui.



Qu'est-ce qui est plus susceptible de conduire à une amélioration de la vraie vie humaine? L'action ou la tirelire?



Le Fonds des générations est une réponse bidon à un faux problème. Si le gouvernement ne sait pas comment dépenser nos deniers, qu'il nous les laisse. L'argent, surtout aux mains du gouvernement, est un outil économique.


Il ne faut pas le laisser dormir dans le coffre!



Le financement du Revenu de Base


Geoff Crocker propose le "concept radical de financement du revenu de base par le déficit perpétuel" et donc une dette qui croît sans fin. Le Fonds des générations poursuit le but contraire de stabiliser ou réduire la dette dans un contexte où l'austérité continue sans fin.




L'État, en déficit, doit emprunter pour mettre de l'argent de côté. C'est le monde à l'envers. Absurde!


Pendant que le Fonds des génération prétend s'attaquer à la dette publique, il y a une autre dette intergénérationnelle qui fait des ravages: le coût de renoncement au développement de nos enfants et de nos petits enfants lorsqu'on "affecte les ressources disponibles à un usage donné au détriment d'autres choix"[Wikipedia]


C'est clair que l'épanouissement de nos enfants, est sacrifié au service de la dette quand des stratégies comptables comme le Fonds des générations mène à des mesures d'austérité.


En 1989 le Parlement du Canada votait à l'unanimité d'éradiquer la pauvreté chez les enfants d'ici l'an 2000.


Juste au Québec, il y en a toujours 200,000 enfants pauvres en 2018.


Qu'est-ce qu'il faut faire? Signaler le gouvernement à la DPJ?


"Les droits humains sont supérieurs aux droits des créanciers"-- Olivier Bonfond

Dans la courte vidéo qui suit, «... Crocker passe en revue les arguments les plus typiques pour et contre le revenu de base, en se concentrant sur les questions de financement. Il conçoit notamment une expérience de pensée où tous les biens et services économiques sont produits par des machines. La question se pose alors : comment répartir ceux-ci au sein de la population ? Les conclusions de Crocker, à partir de ce scénario, sont que le revenu de base devient "essentiel pour maintenir la demande des consommateurs", et que "le déficit financier est inévitable". Ceci, apparemment, découle directement du fait que les économies modernes fonctionnent avec un déficit permanent et que " le revenu non gagné [est] nécessaire dans les économies de haute technologie " » [ma traduction]


Pour des sous titres en français, cliquer sur CC ensuite sur l'icône des paramètres, puis subtitles et auto-translate. Choisir le français et voilà!










La capacité des générations futures à financer les services publics


Le vieillissement de la population et la contraction du ratio travailleurs-retraités n'auront-ils aucune conséquence sur la capacité des générations futures à financer une offre de services publics semblable à celle dont on a disposé dans le passé et dont on dispose actuellement?


On n'aura même pas assez de travail pour occuper le peu de jeunes qui n'auront pas été remplacés par des machines. Ce n'est certainement pas leur travail qui va financer grand-chose, à moins d'attribuer à ces travailleurs une productivité mirobolante.


Dans son expérience de pensée, Geoff Crocker postule le cas limite où les machines font tout le travail. La "valeur" de l'argent s'appuie toujours sur le PIB de production, sauf que les humains n'y sont pour rien. Ceux-ci auront quand même besoin d'argent pour se procurer les produits et services fournis par l'automatisation. D'où la nécessité d'un Revenu de Base.



Selon moi, il n'est pas trop tôt pour commencer. De plus, j'ai bien hâte d'être privé de travail par une machine tant qu'on ne me prive pas de revenu.

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