top of page
Karl Widerquist

Pourquoi je marche pour le Revenu de Base

Dernière mise à jour : 14 nov. 2020


Je marche pour le Revenu de Base parce que c'est injuste de se placer entre une personne et les ressources dont elle a besoin pour survivre, et c'est exactement ce que nous faisons dans presque tous les pays du monde aujourd'hui. La pauvreté n'est pas une fatalité. Les gens ne se plongent pas eux-mêmes dans la pauvreté. La pauvreté est un manque d'accès aux ressources. Le monde est plein de ressources. La seule raison pour laquelle vous pouvez ne pas avoir accès aux ressources dont vous avez besoin pour survivre est que quelqu'un d'autre les contrôle, que ce soit un propriétaire, un Politburo ou une bureaucratie. Peu importe qui les contrôle. Si ce n'est pas vous et qu'ils disent que vous ne pouvez pas les utiliser si vous ne faites pas ce qu'ils vous disent, vous n'êtes pas libre.

Une vidéo du discours prononcé le 26 octobre 2019


La liberté, c'est l'indépendance. La liberté, c'est le pouvoir de dire non à ceux qui veulent vous donner des ordres. Nous avons créé un monde où il semble tout à fait naturel que certaines personnes possèdent la terre. Et, nous, les autres, les 90 %, les 99%, nous devons tous aller les voir pour obtenir notre boulot ou alors nous n'avons pas les ressources nécessaires pour vivre. C'est ce que nous appelons le "travail". Nous agissons comme s'il n'y en avait pas d'autre sorte. Comme si la seule chose que le travail pouvait signifier, c'était d'aller se plier aux ordres de quelqu'un qui a plus de privilèges que nous. Travailler pour soi-même est devenu impossible. C'est impossible depuis que nous avons chassé les paysans de la terre et que nous avons clôturé les terres communes. Travailler pour soi-même est devenu impossible depuis que nous avons tué les bisons. Travailler pour soi-même est devenu impossible depuis que nous avons enlevé les esclaves. Et les esclaves libérés le savaient à la fin de la guerre civile. C'est pourquoi ils ont demandé 40 acres et une mule. Malheureusement, leurs maîtres le savaient aussi : c'est pourquoi ils ne l'ont pas obtenus.

Marche de Harlem vers le South Bronx 26 oct 2019

Il n'y a rien de mauvais dans le travail. Le travail ne vous prive pas de liberté. Ce qui vous empêche d'être libre, c'est quand, au lieu de dire je veux que vous travailliez pour moi parce que je vais vous payer suffisamment pour que vous vouliez travailler pour moi, ils disent je vais tout prendre pour vous soumettre par la faim. Un petit groupe de propriétaires a pris toutes les ressources. Ils n'ont pas inventé ces ressources. Ces ressources étaient là avant nous tous. Et ce groupe de personnes, ce tout petit groupe de privilégiés va prendre toutes les ressources et ne les partagera avec personne jusqu'à ce que les gens qui n'ont rien fournissent des services aux gens qui possèdent déjà tout. C'est pourquoi, lorsque vous contrôlez les ressources, vous n'obtenez pas seulement les ressources; vous contrôlez aussi d'autres personnes.

L'obligation doit aller dans l'autre sens. Au lieu que les pauvres soient obligés de travailler pour les riches, les riches devraient être obligés de travailler pour les pauvres. La seule chose que vous pourriez faire pour justifier la possession de ressources, pour posséder plus de ressources que les autres, pour avoir plus d'accès aux ressources, pour avoir plus de contrôle sur les ressources, pour utiliser et consommer plus de ressources que les autres, c'est de leur fournir une forme de service.

La Marche du revenu de base de New York, 16 oct 2019

C'est pourquoi nous devons taxer les propriétaires de biens. Toute propriété est faite de ressources. Chaque bien, même l'internet. Vous avez besoin d'un endroit pour vous tenir debout lorsque vous construisez l'internet. Vous avez besoin d'énergie pour faire fonctionner l'internet. Tous les biens sont faits de ressources.

Ils vous diront qu'ils ont payé pour ces ressources. Non, ils ont payé le dernier propriétaire. Ils n'ont pas payé tous ceux d'entre nous qui ne possèdent pas de ressources. Si vous voulez prendre une partie de la terre qui était là bien avant vous, vous devez rembourser, fournir un service à ceux qui ne possèdent rien. C'est pourquoi vous devez payer une taxe sur les ressources et la distribution des recettes de cette taxe doit être inconditionnelle.

Alors ils diront que c'est donner quelque chose pour rien. Non, c'est exactement l'inverse. Le système que nous avons maintenant c'est quelque chose pour rien, où les gens qui possèdent la Terre ne paient rien à ceux d'entre nous qui doivent donc se passer de ses richesses. Ça, c'est quelque chose pour rien.

Le South Bronx, le 26 octobre 2019

Nous nous disons libres parce que nous pouvons choisir notre boss. Un choix de maîtres n'est pas la liberté. La liberté, c'est l'indépendance. La liberté, c'est le pouvoir de dire non à celui qui voudrait être votre maître. Alors chacun reçoit une partie de la valeur des ressources de cette terre, assez pour vivre dans la dignité, assez pour survivre, assez pour ne pas avoir à travailler à moins d'être bien traité et bien rémunéré. Alors ils diront : tous ces travailleurs paresseux ne travailleront pas si vous faites ça.

Remarquez que ce sont toujours les travailleurs paresseux et jamais les employeurs radins. Non, on ne dit jamais ça. Alors on prend parti dans un conflit. Quand quelqu'un offre un emploi et que l'autre n'en veut pas, c'est un conflit sur les salaires et les conditions de travail. Chacun a son prix, non? S'il y a un bon salaire, de bonnes conditions de travail, quelqu'un prendra cet emploi. Si nous disons que, quel que soit le salaire, si vous ne prenez pas cette job, vous êtes un travailleur paresseux, jamais un employeur qui exploite. On prend parti dans un conflit, et on se range du côté de la personne la plus privilégiée. On juge moralement le plus faible, la personne la moins puissante, la personne la plus vulnérable, et nous laissons les privilégiés au-dessus de tout reproche, comme s'ils n'étaient même pas partis à un conflit.

Un documentaire vidéo sur la marche pour le revenu de base, de Harlem au South Bronx, Ching Juhl, 26 octobre 2019

C'est comme ça que le système fonctionne aujourd'hui.


Ceci est basé sur une hypothèse ridicule selon laquelle les privilégiés du monde, gouvernements ou propriétaires privées, ont le droit de juger tout le monde. Ils jugent les faibles et les vulnérables. Ils disent : vous, vous méritez de vivre ; pas vous. Vous, vous devenez sans-abri, vous, allez manger dans les poubelles ou vous, faites tout ce qu'il faut pour rester en vie. C'est l'hypothèse ridicule selon laquelle il y a des gens qui ne méritent pas les ressources de base dont ils ont besoin pour survivre. Et que c'est les personnes privilégiées qui ont le droit de juger si les personnes non privilégiées méritent de survivre. Cette hypothèse intéressée est arrangée avec le gars des vues. Et regardez comment c'est égoïste et truqué! La première chose qu’on demande aux pauvres c’est : "si vous êtes vraiment dans le besoin, êtes-vous prêt à travailler pour les riches?"

Êtes-vous prêt à travailler pour des gens qui possèdent tout? C'est ce que vous devez faire pour prouver que vous êtes méritant. C'est tellement intéressé de la part des privilégiés. Et pour la plupart d'entre nous, c'est un cul-de-sac. On'a pas assez de biens pour travailler pour nous-mêmes. La grande majorité d'entre nous doit travailler pour quelqu'un qui possède suffisamment de biens pour nous engager. En créant une situation où les plus privilégiés peuvent priver les moins privilégiés des ressources dont ils ont besoin pour survivre, nous avons créé une situation où presque tout le monde doit travailler directement ou indirectement pour les plus riches.


Et ça crée ce terrible problème d'incitation au travail. Lorsqu'on parle d'incitations, on ne parle que des incitatifs au travail pour ces travailleurs paresseux. Qu'en est-il de l'incitation de ces employeurs "cheap" à verser de bons salaires ? Ce problème d'incitations ne touche pas seulement les personnes au bas de l'échelle. Il y a 41 ans, le revenu réel par habitant était la moitié de ce qu'il est aujourd'hui. Cela signifie que nous pourrions tous travailler deux fois moins et consommer la même chose ou bien travailler autant et consommer deux fois plus qu'il y a 41 ans. Mais la plupart des gens travaillent autant que leurs parents il y a 41 ans et consomment peu ou pas plus que leurs parents il y a 41 ans. Nous avons connu toute cette croissance économique, toute cette automatisation au cours des 41 dernières années et les bénéfices sont allés au 1%. Le revenu de base n'est pas seulement destiné aux personnes qui se trouvent au bas de l'échelle, il est destiné à tous ceux qui n'ont pas d'autre choix que de travailler pour gagner leur vie.

Nous nous devons mutuellement un revenu de base depuis que nous avons clôturé les terres communes, depuis que nous avons enlevé les esclaves, depuis que nous avons tué le bison, non pas parce qu'une personne morte depuis longtemps a volé quelque chose à une autre personne morte depuis longtemps, non! parce qu'ils ont créé un système qui privilégie certains, appauvrit d'autres et nous corrompt tous. Nous nous devons tous un revenu de base maintenant. C'est pourquoi je marche aujourd'hui et je vous remercie de vous joindre à moi.


Karl Widerquist. Ceci est la version corrigée du discours que j'ai prononcé lors de la Marche pour le revenu de base, New York, le 26 octobre 2019 dans le Bronx, New York, le 26 octobre 2019. Pierre Madden l'a transcrit et édité, à Montréal, Québec, en septembre 2020. Je l'ai ensuite revu et corrigé, à St. Elizabeth's, Napoleon Avenue, Nouvelle-Orléans, du 11 au 13 septembre 2020. Traduction Pierre Madden.

Pierre a prononcé une version de ce discours à la marche pour un revenu de base du 19 septembre 2020.


26 vues0 commentaire

Comments


bottom of page